DSV : des drones européens militarisés, aux standards OTAN, bientôt « made in France »

Article rédigé par Aude Leroy dans le Daily du Bourget : lien vers l’article

Détecter les pépites technologiques innovantes européennes pour les proposer aux Forces françaises, en les fabricant sur le sol français, tel est l’objectif de la PME aixoise DSV. Avec, en tête, le gain de temps, d’argent et l’efficacité sur le terrain.

Le père s’était spécialisé dans la distribution de technologies innovantes dans le domaine de la construction, le fils reprend l’idée mais l’applique à la Défense. Et plus précisément «DSV propose une approche disruptive mais simple : capter les meilleures technologies européennes pour les distribuer en France», explique Eric de Trétaigne, le directeur général de DSV. Depuis mai 2024, la PME d’Aix-en-Provence a déjà signé avec une dizaine d’entreprises en Suisse, en Lettonie, au Danemark ou encore en Hollande.

Mais le jeune patron ne s’arrête pas là : ces innovations sont uniques, ITAR free, «déjà éprouvées par au moins 200 exemplaires livrés – certaines sont sur le front ukrainien, et elles sont adaptées pour le marché militaire français». Elles sont « customisées », autrement dit adaptées aux besoins de ses utilisateurs : ajout d’une caméra, d’un lidar, de radio… DSV prend comme principe de partir du besoin opérationnel : «C’est dans notre ADN. Nous sommes au service des forces et dans l’état d’esprit ‘bottom-up’. Les systèmes qu’on trouve sont testés par les utilisateurs, généralement les plus agiles. S’ils nous disent il y a un intérêt, on commence à aller voir». Cela évite de perdre de l’argent et du temps dans des prototypes qui ne trouveront jamais d’acheteur.

Le partenariat passé entre DSV et les sociétés européennes implique la cession d’une partie de leurs technologies afin de les fabriquer, de les militariser et de les assembler sur le sol français. Face au marché hexagonal totalement verrouillé, les entreprises y voient leur intérêt : pouvoir passer à une production à plus grande échelle. «D’autant, souligne Eric de Trétaigne, que ces drones sont systématiquement au moins quatre fois moins chers que les français».

Un système de leasing de drones

Le drone suisse Fotokite, dont certains exemplaires ont déjà été vendus par DSV, coûte quatre fois moins cher que les concurrents mondiaux les plus crédibles. Simple d’utilisation, ce drone captif peut effectuer une ronde automatique, depuis le coffre d’un véhicule, sans que personne ne sorte. Il monte à 45 mètres de hauteur et « voit » en temps réel jusqu’à 5 km soit des engins roulants, soit des personnels, même de nuit. Très résistant au vent, il peut aussi servir d’antenne relais pour les transmissions.

Le drone Delta Quad, un VTOL hollandais, est vendu trois fois moins cher tout en offrant 3h30 d’autonomie, 80km de portée, capable de voler en milieu brouillé grâce à une centrale inertielle et à la reconnaissance d’images. Il peut larguer des charges, emporter des radars ou des systèmes anti-drone. Ses décollages et atterrissages verticaux simplifient l’utilisation de cette aile volante. Elle devrait bientôt doter des forces.

Dernier-né de la gamme de la société lettone Atlas, l’AtlasMICRO est en fait un nanodrone. Il pèse 495 grammes, vole à 61 km/h pendant 35 minutes, jusqu’à presque 10 km de distance. «Tout est fait maison, dans ce petit engin 100% européen, explique Eric de Trétaigne, que ce soit la caméra (dont pas d’origine asiatique), le relais radio ou encore la commande de vol (compatible avec tous les autres drones de la gamme). Toutes les 15 secondes, son scan balaie les fréquences, le rendant difficilement détectable». Déployable en trois minutes chrono, il se glisse dans un sac à dos.

Le directeur général de DSV imagine un système de leasing de drones permettant aux forces armées de bénéficier d’engins de dernière technologie. Si les testeurs militaires sont conquis, reste à convaincre les politiques et la DGA de l’efficacité de la procédure et des drones « made in France ».